HALLOWEEN

HALLOWEEN
I/ C’EST QUOI?
Halloween, ou All Hallows’ Eve, est une fête d’origine celtique, issue de la Samain, célébrée le 31 octobre. Elle marque la transition entre le monde des vivants et celui des morts. Christianisée au VIIIe siècle, elle devient la veille de la Toussaint. Elle marque le passage de la saison claire à l'hiver sombre, moment où le monde des morts et des vivants se rapprochaient. Les symboles traditionnels comme les lanternes en citrouille (Jack-o'-lantern) proviennent des légendes irlandaises.
La fête se déplace ensuite dans le calendrier chrétien avec la Toussaint, instaurée au 1er novembre par l'Église catholique aux VIIIe et IXe siècles. Aujourd'hui, Halloween est devenue une fête ludique où les enfants se déguisent en monstres pour demander des bonbons (« trick or treat »).
Source : Histoire-pour-tous.fr, Wikipedia
II/ CARACTÉRISTIQUES
*/ ASPECTS RITUELS ET TRANSFERT CULTUREL
Selon les historiens comme Ronald Hutton dans « The Stations of the Sun », Halloween était chargé de rituels liés aux esprits des défunts, qui étaient censés errer parmi les vivants. Si aujourd’hui, le Halloween modernisé s’associe au divertissement, ses racines reflètent des croyances païennes complexes sur la mort et la transition.
L'anthropologue Arnold van Gennep, dans Les Rites de Passage, montre que les fêtes marquent des transitions liminales. Une transition liminale est une phase de passage marquée par l’ambiguïté, l’incertitude et la transformation. Elle se situe entre un état initial et un état final, souvent dans un contexte de changement personnel, social ou rituel.
La Samain peut être considérée comme fête liminale selon Nadine Cretin (Les fêtes chrétiennes, 1999). Elle permettait une porosité entre les mondes. Halloven, dans ce cadre, peut être vu comme l'articulation conceptuelle entre les deux plus grandes liminalités du calendrier occidental : le passage saisonnier/spirite (Halloween) et le passage eschatologique/rédempteur (Pâques/Vendredi Saint).
Les transferts culturels sont variés pour faire de Halloween un rituel populaire, ludique et consumériste: en Écosse, les lanternes sculptées dans des navets précédaient les citrouilles américaines. Au Québec, Halloween s’est imposée dans les années 1950 comme fête scolaire et familiale.
Source : Geo.fr , TF1 Info: https://tinyurl.com/yrnyqotv , Hutton, Ronald, « The Stations of the Sun », 1996, 123 Dok: https://tinyurl.com/26uojdut - https://www.britannica.com/topic/Good-Friday
*/ DIMENSION SOCIO-ÉCONOMIQUE ET MÉDIATIQUE
Halloween est un vecteur de consommation. David J. Skal (Death Makes a Holiday, 2002) analyse la fête comme une mise en scène de la peur au service du marché. Selon David J. Skal (Death Makes a Holiday, 2002), Halloween est un « carnaval consumériste » où la peur est mise en scène pour stimuler l’achat. Les marques investissent massivement dans les campagnes publicitaires ciblées, notamment auprès des jeunes adultes et des familles. Cet événement mobilise les industries du jouet, du textile, de l’agroalimentaire et du cinéma.
En Corée du Sud, les quartiers comme Hongdae organisent des soirées costumées sponsorisées par des marques. En France, les grandes surfaces adaptent leurs rayons dès octobre.
Économiquement, Halloween est devenu un véritable événement florissant: en 2025, les États-Unis enregistrent plus de 12,2 milliards de dollars de dépenses, réparties entre costumes (3,6 Md$), décorations (3,9 Md$), confiseries (3,1 Md$) et événements festifs (1,6 Md$). Cela représente une hausse de 9 % par rapport à 2023.
En Europe, la croissance annuelle des ventes liées à Halloween dépasse les 8 %, notamment dans les secteurs de la grande distribution et du marketing événementiel. Ainsi, en Allemagne, les enseignes comme Lidl et Rewe proposent des gammes Halloween dès septembre.
En termes d'impacts commerciaux, Halloween peut être associé au Black Friday qui lui succède pour constituer une large période commerciale et créer une dynamique de consommation continue exploitée par les marques pour maximiser leurs ventes sur un trimestre complet entre octobre et les fêtes de fin d'année. Ainsi, Halloween marque le début de la saison des fêtes, stimule la consommation autour des déguisements, décorations et bonbons et quelques semaines plus tard, Black Friday (le vendredi suivant Thanksgiving) lance les grandes promotions de fin d’année, incitant les consommateurs à préparer leurs achats de Noël.
Critiques et nuances générales:
-/ médiatiquement, Halloween n'est pas encore une fête reconnue ou un événement folklorique établi. Il n'a pas de localisation géographique propre.
-/ Si l'impact économique est de taille notamment en fin d'année, il n'existe pas toutefois de marché associé, de commerce de décorations ou de voyages spécifiques.
-/ Enfin le terme de Halloween semble principalement utilisé dans des contextes de niche: réseaux sociaux, discussions théologiques, etc. Il n’arrive pas à imposer dans le langage courant ou académique mais relève davantage de la néologie (création de mot) que d'une réalité culturelle.
Sources : History.com , PwC, Plus500, 1jour1actu, « C’est quoi Halloween ? » https://www.history.com/topics/holidays/halloween-history
*/ DIMENSION ANTHROPOLOGIQUE ET SYMBOLIQUE
Halloween interroge le rapport à la mort, au déguisement, à l’inversion des normes. Claude Lévi-Strauss (Le cru et le cuit, 1964) voit dans les fêtes comme Halloween une catharsis sociale, où l’ordre est suspendu pour mieux être réaffirmé.
Symboliquement, le déguisement en zombie ou en sorcière permet d’exorciser la peur de la mort. En Haïti, la fête des Guédé (1er-2 novembre) partage des traits avec Halloween : masques, offrandes, musique, transes.
Source : France Culture
*/ MUTATIONS CONTEMPORAINES ET DÉRIVES
Halloween connaît des mutations multidimensionnelles : hybridation avec des fêtes locales, récupération politique, critiques religieuses. Selon Jean Baudrillard (La société de consommation, 1970), la fête devient un simulacre : elle mime le rituel sans en porter la charge symbolique.
En Russie, Halloween est parfois interdit dans les écoles pour ses connotations occultes. En Martinique, elle est marginale mais gagne du terrain via les réseaux sociaux et les écoles privées.
Source : Le Monde
CONCLUSION
Halloween est une fête plurielle, à la fois héritage rituel, produit culturel et miroir des sociétés contemporaines. Elle révèle les tensions entre tradition et consommation, entre sacré et spectacle, entre local et global. Sa plasticité en fait un objet d’étude privilégié pour penser les rites modernes. Ses impacts économiques ne sont certes pas négligeables mais restent géographiquement variés. En terme médiatique, Halloven reste un concept de niche sans pouvoir s’imposer comme un réalité culturelle globale.
PAR BENZ PROTOCOL