FLASH ÉCO - LA TAXE ZUCMAN
LA TAXE ZUCMAN
I/ C’EST QUOI ?
La taxe Zucman est une proposition fiscale formulée par l’économiste français Gabriel Zucman, spécialiste de la fiscalité internationale et des inégalités économiques. Elle vise à instaurer un impôt plancher de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros. Si le total des impôts acquittés par un foyer est inférieur à ce seuil, il doit verser la différence. Ce mécanisme entend corriger les distorsions créées par l’optimisation fiscale à grande échelle et rétablir une forme de progressivité dans la contribution des ultra-riches.
Source : Wikipédia – Taxe Zucman
II/ CARACTÉRISTIQUES
*/ JUSTICE FISCALE ET ÉQUITÉ CONTRIBUTIVE
La taxe Zucman repose sur le principe d’un impôt plancher, garantissant que les très hauts patrimoines ne puissent bénéficier d’un taux d’imposition inférieur à celui des classes moyennes. Contrairement à l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), elle englobe l’ensemble du patrimoine : actifs financiers, biens professionnels, participations, etc. Elle vise à corriger les effets de l’optimisation fiscale, notamment via les holdings et les revenus non distribués.
Par exemple, un contribuable détenant 1 milliard d’euros de patrimoine et ayant payé 15 millions d’euros d’impôts devrait verser 5 millions supplémentaires pour atteindre le seuil de 2 %.
Source : 75secondes.fr – Taxe Zucman, qu’est-ce que c’est ?
*/ PORTÉE INTERNATIONALE ET LUTTE CONTRE L’EXIL FISCAL
La taxe Zucman propose que les contribuables concernés restent redevables de l’impôt jusqu’à cinq ans après leur départ du territoire national. Ce dispositif vise à limiter les effets de l’exil fiscal, qui consiste à transférer sa résidence dans un pays à fiscalité plus avantageuse.
Ce principe s’inspire de pratiques nord-américaines comme l’Alternative Minimum Tax (AMT) aux États-Unis. Toutefois, cette extension soulève des questions juridiques et diplomatiques, notamment en matière de souveraineté fiscale et de conventions bilatérales.
Source : Journal du Net – La taxe Zucman : justice fiscale ou risque pour l’économie française
III/ PARTISANS ET DÉTRACTEURS : ENJEUX EN FRANCE ET À L’INTERNATIONAL
*/ EN FRANCE : ENTRE JUSTICE SOCIALE ET RISQUE D’ÉVASION
Les partisans de la taxe Zucman, notamment à gauche, y voient un levier pour restaurer la progressivité fiscale et réduire les inégalités patrimoniales. Ses détracteurs, issus des milieux libéraux et de la droite parlementaire, dénoncent un risque d’exil fiscal, une complexité de mise en œuvre et une atteinte à la compétitivité du territoire. Ils estiment que la mesure pourrait décourager l’investissement et nuire à l’attractivité du pays.
Source : Le Monde – Débat autour de la taxe Zucman
*/ À L’INTERNATIONAL : UN SIGNAL POLITIQUE, MAIS DES OBSTACLES DIPLOMATIQUES
La taxe Zucman est perçue comme un signal fort en faveur d’une réforme de la fiscalité mondiale. Elle s’inscrit dans un mouvement de lutte contre l’évasion fiscale, initié par les travaux de l’OCDE et du G20. Toutefois, les obstacles sont nombreux : coordination multilatérale, souveraineté fiscale, risques de double imposition, et absence d’un cadastre financier mondial.
Source : France24 – Fiscalité mondiale : la France veut montrer l’exemple
IV/ INITIATIVES SIMILAIRES DANS L’ESPACE MONDE
*/ IMPÔT MINIMUM MONDIAL SUR LES MULTINATIONALES
Le G20 et l’OCDE ont adopté en 2021 un impôt minimum mondial de 15 % sur les bénéfices des multinationales. Ce mécanisme vise à empêcher les géants du numérique de déplacer artificiellement leurs profits vers des paradis fiscaux. Il repose sur une logique similaire à la taxe Zucman : imposer un seuil minimal de contribution fiscale pour les acteurs économiques les plus puissants.
Source : FranceCity – La taxe Zucman, une révolution fiscale mondiale
*/ CONTRIBUTION DIFFÉRENTIELLE SUR LES HAUTS REVENUS (CDHR) – EUROPE
Certains pays européens ont expérimenté des formes de contribution minimale sur les hauts revenus, comme la CDHR en France. Ce dispositif impose un taux plancher de 20 % sur le revenu fiscal de référence pour les contribuables déclarant plus de 250 000 euros. Il vise à éviter que les très hauts revenus échappent à l’impôt via des mécanismes d’optimisation.
Source : Un-Patrimoine.fr – Alternatives à la taxe Zucman
*/ TAXATION DES FORTUNES NON-PROFESSIONNELLES – PROJET BERCY
Une proposition complémentaire à la taxe Zucman consiste à taxer le patrimoine non-professionnel au-delà de 2 millions d’euros. Ce projet élargirait l’assiette fiscale à des actifs peu mobilisés dans l’économie, avec l’idée de réduire les effets de l’optimisation via les holdings patrimoniales.
IV/ QU’EN PENSENT LES THÉORICIENS?
*/ APPROCHE ÉGALITARISTE ET THÉORIE DE LA JUSTICE
Les économistes et philosophes favorables à la taxe Zucman s’inscrivent dans une tradition égalitariste inspirée notamment de John Rawls. Selon cette approche, une société juste doit corriger les inégalités de départ et garantir que les avantages économiques soient redistribués de manière équitable.
Gabriel Zucman, dans ses travaux avec Thomas Piketty et Emmanuel Saez, défend l’idée que les très hauts patrimoines échappent à la logique contributive, ce qui affaiblit la cohésion sociale et la légitimité de l’impôt. La taxe Zucman serait ainsi un outil de justice distributive, visant à rétablir un équilibre entre richesse accumulée et participation à l’intérêt général.
Source : Gabriel Zucman – The Triumph of Injustice
*/ CRITIQUES LIBÉRALES ET THÉORIE DE L’INCITATION
À l’opposé, les théoriciens libéraux comme Friedrich Hayek ou plus récemment des économistes du Cato Institute estiment que la taxation des patrimoines élevés peut nuire à l’incitation à entreprendre, à investir et à innover. Selon cette vision, l’accumulation de capital est un moteur de croissance, et toute forme d’impôt confiscatoire risque de freiner la dynamique économique.
La taxe Zucman est perçue comme une mesure punitive, qui pourrait détourner les capitaux vers des juridictions plus souples et affaiblir la compétitivité nationale. Ces critiques s’appuient sur des modèles d’économie de l’offre, où la réduction des charges fiscales est censée stimuler l’activité.
Source : Cato Institute – Wealth Taxation and Economic Growth
*/ JOSEPH STIGLITZ : UN SOUTIEN DE POIDS
Le 1er octobre 2025, lors d’une conférence à l’Assemblée nationale, le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz a exprimé son soutien explicite à la taxe Zucman. Il a souligné que les grandes fortunes s’enracinent souvent dans des investissements publics — citant Elon Musk et les géants du numérique comme bénéficiaires indirects de financements étatiques. Pour Stiglitz, taxer les ultra-riches relève d’une exigence démocratique : « Ces méthodes d’optimisation fiscale sapent les fondements de la démocratie A ». Il s’inscrit dans une tradition institutionnaliste qui considère la fiscalité comme un outil de régulation des inégalités structurelles.
Source : MSN – Pourquoi Joseph Stiglitz soutient la taxe Zucman
Source : Club Patrimoine – Fiscalité du patrimoine 2025
*/ CHARLES GAVE : UNE OPPOSITION RADICALE
À l’opposé, l’économiste libéral Charles Gave rejette catégoriquement la taxe Zucman, qu’il associe à une vision idéologique de la fiscalité. Il critique régulièrement les travaux de Thomas Piketty et Gabriel Zucman, qu’il accuse de promouvoir une fiscalité punitive fondée sur l’envie sociale plutôt que sur l’efficacité économique.
Pour Gave, la taxation du capital nuit à l’investissement, à la croissance et à la liberté individuelle. Il défend une approche de l’impôt fondée sur la neutralité fiscale et la compétitivité, estimant que les propositions de Zucman relèvent d’une « vision marxiste de l’économie ». Ses prises de position sont relayées par l’Institut des Libertés, qu’il a fondé, et par des tribunes dans des médias économiques conservateurs.
Source : Institut des Libertés – Charles Gave contre la fiscalité confiscatoire
*/ PERSPECTIVES INSTITUTIONNALISTES ET FISCALITÉ MONDIALE
Certains théoriciens institutionnalistes, comme Dani Rodrik ou Joseph Stiglitz, voient dans la taxe Zucman une tentative de réformer les règles du jeu fiscal à l’échelle mondiale. Ils soulignent que les États-nations sont aujourd’hui en concurrence fiscale, ce qui affaiblit leur capacité à financer les biens publics.
Une taxe plancher sur les très hauts patrimoines pourrait servir de point d’ancrage pour une coordination internationale, à l’image de l’impôt minimum sur les multinationales. Cette approche met l’accent sur la gouvernance globale et la nécessité de repenser la souveraineté fiscale dans un monde interconnecté.
Source : Joseph Stiglitz – Rewriting the Rules of the European Economy
PAR BENZ PROTOCOL
