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DE LA GUERRE TRADITIONNELLE À LA GUERRE CONTEMPORAINE.
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BILLET FLASH
DE LA GUERRE TRADITIONNELLE À LA GUERRE CONTEMPORAINE
I/ C’EST QUOI ?
La guerre traditionnelle désigne un conflit armé opposant principalement des États via leurs forces militaires régulières. Elle se déroule sur des champs de bataille clairement identifiés, avec des règles de combat codifiées. Les guerres napoléoniennes, la Première et la Seconde Guerre mondiale en sont des exemples typiques.
La guerre contemporaine rajoute à la guerre traditionnelle deux dimensions supplémentaires:
*/ La guerre hybride désigne une forme de conflit combinant des moyens conventionnels (forces armées régulières) et non conventionnels (cyberattaques, désinformation, guerre économique), souvent utilisés de manière coordonnée pour affaiblir un adversaire sans confrontation directe. Ce concept brouille les frontières entre guerre et paix, entre militaire et civil, et entre État et acteur non étatique.
*/ la guerre des drones est une forme de guerre technologique où des aéronefs sans pilote (UAV) sont utilisés pour la surveillance, le ciblage et l’élimination d’objectifs. Elle permet des frappes précises à distance, souvent sans déploiement de troupes. Cette guerre soulève des enjeux éthiques et juridiques majeurs. Selon Grégoire Chamayou dans Théorie du drone, cette forme de guerre repose sur une logique de « chasse » plutôt que de « duel ».
Sources : Futura Sciences – Définition de la guerre hybride - Grégoire Chamayou – Théorie du drone
II/ CARACTÉRISTIQUES DE LA GUERRE CONTEMPORAINE
II1/ LA GUERRE HYBRIDE
*/ MULTIMODALITÉ OPÉRATIONNELLE
La guerre hybride repose sur l’intégration de plusieurs modes d’action : militaire, cybernétique, informationnel, économique. Cette multimodalité permet à l’agresseur de saturer les capacités de réponse de l’adversaire. Le concept d’« adversaire composite » désigne un acteur capable de mobiliser simultanément des moyens étatiques et non étatiques. Arsalan Bilal, dans la Revue de l’OTAN, souligne que cette complexité vise à créer une incertitude stratégique permanente, rendant difficile l’identification de l’agresseur et la légitimation d’une riposte.
Source : Revue de l’OTAN – Guerre hybride
*/ DÉSINFORMATION ET CYBERGUERRE
La guerre hybride mobilise massivement les outils numériques pour manipuler les perceptions, semer le doute et fragmenter les sociétés ciblées. Les campagnes de désinformation, souvent relayées par des bots ou des médias contrôlés, visent à délégitimer les institutions démocratiques. La cyberguerre permet de paralyser des infrastructures critiques sans recours à la force armée.
L’exemple de l’Ukraine depuis 2014 illustre cette stratégie : attaques informatiques sur les réseaux électriques, diffusion de narratifs pro-russes sur les réseaux sociaux, et soutien militaire indirect par des forces irrégulières.
Sources : Wikipédia – Guerre hybride - EGE – Guerre hybride et cyberespace, Swissinfo – Désinformation et guerre hybride
*/ DÉNI DE RESPONSABILITÉ ET AMBIGUÏTÉ
L’un des traits distinctifs de la guerre hybride est le recours au déni plausible : l’agresseur nie toute implication directe, rendant difficile l’attribution des actes hostiles. Ce mode opératoire a été théorisé par Frank Hoffman, qui définit la guerre hybride comme « l’emploi simultané de moyens multiples dans un environnement fluide et contesté » (Conflict in the 21st Century: The Rise of Hybrid Wars).
Source : Frank Hoffman – Conflict in the 21st Century
*/ LE POINT SUR LA SITUATION DES PAYS EN MATIÈRE DE GUERRE HYBRIDE
Les pays les plus avancés dans la maîtrise de la guerre hybride sont la Russie, la Chine, l’Iran, et la Corée du Nord. Ces États ont intégré la guerre hybride dans leur stratégie globale, en combinant opérations militaires, cyberattaques, propagande, et influence économique.
Russie : La Russie est considérée comme l’archétype de la guerre hybride moderne. Depuis l’annexion de la Crimée en 2014, elle a utilisé des « petits hommes verts » (forces sans insignes), des campagnes de désinformation massives (élections américaines de 2016, Brexit), et des cyberattaques ciblées (Ukraine, Estonie). Sa stratégie repose sur une doctrine de confrontation indirecte, visant à affaiblir les démocraties occidentales sans déclencher de guerre ouverte.
Source : Wikipédia – Guerre hybride russe
Corée du Nord : Pyongyang développe une capacité hybride centrée sur la cyberguerre et la guerre psychologique. Le régime a mené des attaques informatiques majeures (Sony Pictures en 2014, vols de cryptomonnaies), tout en entretenant une opacité stratégique extrême. Selon Meta-Défense, la Corée du Nord pourrait engager jusqu’à 100 000 soldats aux côtés de la Russie, renforçant ainsi une alliance hybride asymétrique.
Sources : Meta-Défense – Alliance Russie/Corée du Nord - IDN – Cybercriminalité nord-coréenne, Numerama – Hackers nord-coréens
Où en est- on en France : La Revue nationale stratégique 2025 envisage un scénario d’agression hybride d’ici 2030. La France a engagé une transformation de son outil de défense : montée en puissance des réserves, relance industrielle, exercices interarmées. Toutefois, selon Le Figaro, elle reste vulnérable à des attaques coordonnées sur son territoire.
Sources : Le Figaro – Scénario noir pour l’armée française, Ministère des Armées – Haute intensité - Ministère des Armées – Revue stratégique 2025, Info.gouv.fr – Préparation France
II2/ LA GUERRE DES DRONES
*/ AUTOMATISATION ET DISTANCE
La guerre des drones repose sur l’automatisation des frappes et la distanciation du combattant. Elle permet d’éliminer des cibles sans exposition directe des troupes, modifiant profondément la relation entre le soldat et le champ de bataille. Cette logique de frappe à distance transforme la temporalité du conflit, en introduisant une immédiateté tactique sans engagement physique.
Source : Innovations et Technologies – Éthique des drones
*/ SURVEILLANCE ET PRÉCISION
Les drones sont également utilisés pour la surveillance permanente de zones hostiles, le repérage de mouvements ennemis, et le guidage de frappes aériennes. Leur capacité à collecter des données en temps réel en fait des outils de domination informationnelle. Les conflits au Haut-Karabakh (2020) et au Sahel illustrent cette utilisation stratégique.
Source : Drone Actu – Drones de surveillance
*/ ENJEUX ÉTHIQUES ET JURIDIQUES
La guerre des drones soulève des questions majeures : responsabilité des frappes, dommages collatéraux, transparence des opérations. Selon Grégoire Chamayou, cette guerre repose sur une logique de traque, où l’ennemi est réduit à une cible algorithmique, sans possibilité de riposte ni reconnaissance juridique.
Sources : Grégoire Chamayou: Théorie du drone - Geekroniques – Éthique des drones
*/ PAYS LES PLUS EN AVANCE ET CAS PARTICULIERS DE LA FRANCE ET DE L'UKRAINE
Les pays les plus avancés dans la guerre des drones sont les États-Unis, Israël, la Chine, la Turquie, l’Iran et la Russie. Ces puissances ont développé des flottes de drones armés (UCAV) capables de frapper à longue distance, de mener des missions de surveillance, et d’opérer en essaims autonomes.
Source : Wikipédia – Guerre des drones
France : La France a longtemps accusé un retard stratégique, mais elle accélère depuis 2024 avec le développement du drone kamikaze One Way Effector, capable de frapper à 500 km. Le ministère des Armées prévoit une production de 1 000 unités par mois d’ici 2027. La France mise sur une hybridation civil-militaire pour rattraper son retard, tout en renforçant ses capacités de lutte anti-drones.
Sources : Armees.com – État des lieux des capacités françaises, EDS – Drone One Way Effector
Ukraine : L’Ukraine est devenue un laboratoire tactique de la guerre par drones. Elle produit plusieurs millions de drones par an, notamment via les entreprises Ukroboronprom et Aerorozvidka. Elle a développé des tactiques de frappe en embuscade (lurk-and-strike) et d’interdiction logistique. Les drones FPV ukrainiens sont utilisés pour des frappes ciblées derrière les lignes russes, redéfinissant la guerre asymétrique.
Sources : Geo – Tactique des drones ukrainiens, Le Dauphiné – Production de drones en Ukraine
CONCLUSION
La guerre contemporaine ne remplace pas la guerre traditionnelle : elle l’augmente, la déplace, la fragmente. Là où la guerre classique opposait des États sur des champs de bataille visibles, la guerre hybride infiltre les sociétés, les réseaux, les récits. La guerre des drones, elle, automatise la frappe, dématérialise le soldat, et redéfinit la temporalité du conflit.
La France, héritière d’une tradition militaire conventionnelle, accélère sa transition : montée en puissance des réserves, relance industrielle, drones kamikazes, doctrine cyber. Mais face aux puissances déjà aguerries — Russie, Chine, Corée du Nord, Ukraine — elle reste en phase d’adaptation.
La guerre du XXIe siècle est polymorphe. Elle exige une pensée stratégique fluide, une capacité d’anticipation, et une souveraineté technologique. Elle ne se gagne plus seulement par la force, mais par la maîtrise des flux, des perceptions et des silences.
PAR BENZ PROTOCOL
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