Article épinglé
BENZ SUR LE WEB
ENTRÉE 6 - LIEN RÉSEAUX SOCIAUX ET JEUNES
- Obtenir le lien
- X
- Autres applications

LIEN RÉSEAUX SOCIAUX ET JEUNES
La communication numérique restructure les rapports sociaux. Les réseaux sociaux, plateformes d’interaction et de diffusion, imposent leurs logiques à l’ensemble des sphères culturelles, politiques et personnelles. Les jeunes — catégorie socioprofessionnelle en construction, définie par l’âge, la scolarisation ou l’insertion progressive dans la vie active — sont les premiers exposés à ces dynamiques. Leur usage intensif des réseaux façonne leur identité, leurs comportements et leurs relations.
Mais cette influence n’est pas unilatérale. Les jeunes réagissent, détournent, créent et transforment les usages. Ils imposent leurs codes, mobilisent leurs communautés et modifient les règles du jeu.
Ce double mouvement soulève un questionnement : comment les réseaux sociaux influencent-ils les jeunes, et comment les jeunes influencent-ils à leur tour les réseaux sociaux ?
Ce questionnement s’organise en trois temps : l’impact des réseaux sur les jeunes (I), l’influence des jeunes sur les réseaux (II), et les sanctions et remédiations proposées par le BENZ PROTOCOL (III)
I. Les réseaux sociaux influencent profondément les jeunes
I.1 Les réseaux sociaux façonnent l’identité des jeunes.
*/ Les jeunes construisent leur image à travers les plateformes : l’identité numérique désigne la représentation de soi que chaque individu façonne en ligne, à travers ses publications, ses interactions et ses choix de visibilité. Chez les jeunes, cette construction identitaire passe massivement par les réseaux sociaux, devenus des vitrines personnelles où l’image projetée est soigneusement calibrée.
Cette logique s’inscrit dans ce que Pierre Bourdieu nomme la “mise en scène du capital symbolique” : likes, abonnés et commentaires deviennent des indicateurs de reconnaissance sociale. Lev Vygotsky et Albert Bandura soulignent que l’environnement social influence la perception de soi : les jeunes adaptent leur comportement en fonction des retours numériques qu’ils reçoivent.
Cette scénarisation de soi permet l’exploration identitaire, mais elle peut aussi enfermer dans des normes esthétiques et comportementales rigides. Judith Butler rappelle que l’identité est performative : elle se construit dans l’acte de se montrer, mais aussi dans le regard des autres. L’image devient alors un produit à optimiser plutôt qu’un espace à habiter.
À l’échelle mondiale, plus de 70 % des adolescents déclarent que leur image en ligne est “importante” ou “très importante” pour leur confiance personnelle. Sur Instagram, 90 % des utilisateurs entre 13 et 24 ans modifient leurs photos avant publication, révélant une quête de contrôle sur leur apparence numérique. TikTok, avec plus d’un milliard d’utilisateurs actifs, voit une majorité de jeunes calibrer leurs contenus pour maximiser l’engagement.
Cette économie de l’attention transforme l’identité en stratégie de visibilité. Elle offre des opportunités d’expression, mais expose aussi à la comparaison permanente, à l’anxiété sociale et à la dépendance algorithmique.
*/ Les algorithmes modèlent la perception de soi: un algorithme est une suite d’instructions permettant à une machine de traiter des données et de produire des résultats. Sur les réseaux sociaux, les algorithmes sélectionnent les contenus affichés à chaque utilisateur, en fonction de ses interactions passées, de ses préférences et de ses comportements. Pour les jeunes, cette personnalisation algorithmique devient un miroir : ce qu’ils voient leur semble être ce qu’ils sont.
Michel Foucault parlerait ici d’un “dispositif de pouvoir” : les algorithmes ne se contentent pas de montrer, ils orientent, filtrent, hiérarchisent. Kate Crawford et Cathy O’Neil ont démontré que ces systèmes façonnent les identités en renforçant les biais, en enfermant les individus dans des bulles cognitives. Les jeunes, en phase de construction identitaire, sont particulièrement sensibles à ce reflet algorithmique, qu’ils interprètent comme une validation de leur personnalité.
Ce mécanisme peut produire une illusion de cohérence : les contenus “pour toi” deviennent des contenus “sur toi”. L’adolescent se reconnaît dans ce qu’il consomme, mais cette reconnaissance est construite par des calculs invisibles. L’identité devient un produit dérivé de l’engagement, et non une expression libre.
Une étude menée auprès de jeunes de 13 à 17 ans montre que la majorité considère les contenus proposés par les algorithmes comme des “reflets exacts d’eux-mêmes” A. Ils préfèrent les plateformes qui leur montrent ce qu’ils aiment, ce qu’ils pensent, ce qu’ils veulent — et donc, ce qu’ils croient être. Cette adhésion au miroir algorithmique révèle une forme de confiance technologique, mais aussi une vulnérabilité cognitive.
Ce n’est plus l’individu qui explore le monde : c’est le monde qui s’ajuste à l’individu, selon des logiques de calcul. L’algorithme devient un co-auteur de l’identité.
I.2 Les réseaux sociaux modifient les comportements et les relations
*/ Les jeunes adaptent leurs interactions aux codes numériques: Les échanges sur les réseaux sociaux ne suivent pas les mêmes règles que les interactions en face à face. Les jeunes, en investissant ces espaces, apprennent à décoder des normes implicites : rapidité de réponse, usage des emojis, mise en scène de soi, gestion des silences. Ces “codes numériques” ne sont pas figés : ils évoluent selon les plateformes, les tendances et les groupes d’appartenance.
Erving Goffman, en analysant les rites d’interaction, montre que toute relation sociale repose sur des conventions. Dans l’univers numérique, ces conventions sont reconfigurées par le design des interfaces et les logiques d’engagement. Les jeunes développent une compétence relationnelle spécifique, faite de micro-gestes digitaux : liker au bon moment, commenter avec tact, partager sans trop s’exposer.
Cette adaptation peut être vue comme une forme d’intelligence sociale. Mais elle comporte aussi des risques : la peur de mal faire, la pression de la performance relationnelle, l’angoisse du “vu non répondu”. Zygmunt Bauman parlerait ici de “liens liquides” : des relations instables, rapides, parfois superficielles, mais intensément vécues.
À l’échelle mondiale, plus de 80 % des jeunes entre 13 et 25 ans déclarent que leur manière de communiquer a changé depuis qu’ils utilisent les réseaux sociaux. Sur Snapchat, les “streaks” — échanges quotidiens entre deux personnes — sont devenus des marqueurs d’amitié. Sur WhatsApp, le double check bleu est interprété comme un signe d’attention ou de négligence. Ces micro-signaux numériques structurent désormais les relations adolescentes.
Les jeunes ne subissent pas ces codes : ils les apprennent, les détournent, les réinventent. Mais cette plasticité relationnelle exige une vigilance constante, une maîtrise des signes, une lecture fine des attentes sociales.
*/ Les usages numériques transforment les liens sociaux: les liens sociaux désignent les relations qui unissent les individus dans une société : amitié, famille, communauté, solidarité. Avec les réseaux sociaux, ces liens ne disparaissent pas, mais se reconfigurent. Les jeunes ne se rencontrent plus seulement dans des lieux physiques : ils interagissent, se soutiennent, se disputent et se réconcilient dans des espaces numériques.
Zygmunt Bauman parle de “liens liquides” pour désigner des relations plus souples, plus instables, mais aussi plus accessibles. Manuel Castells, lui, évoque une “société en réseaux” où les connexions remplacent les appartenances fixes. Les jeunes naviguent entre groupes, hashtags, serveurs Discord, stories éphémères : ils construisent des sociabilités fragmentées mais intenses.
Cette transformation n’est pas sans ambiguïté. Elle permet de maintenir des liens à distance, de créer des communautés affinitaires, mais elle peut aussi affaiblir les relations durables. Les amitiés deviennent parfois des “contacts”, les échanges se réduisent à des réactions, les conflits se déplacent dans les commentaires.
À l’échelle mondiale, 88,5 % des jeunes utilisent les réseaux sociaux pour communiquer quotidiennement A. Sur TikTok, les duos et les stitches permettent de dialoguer sans se connaître. Sur Instagram, les groupes privés remplacent les cercles d’amis. Et sur WhatsApp, les groupes familiaux coexistent avec les groupes de classe, de jeu ou de militantisme.
Les liens sociaux ne disparaissent pas : ils changent de forme, de rythme, de profondeur. Les jeunes réinventent la proximité, mais doivent aussi apprendre à préserver l’intimité, la confiance et la durée.
Les réseaux sociaux exercent une influence directe sur les jeunes : ils modèlent leur identité, leurs comportements et leurs relations. Mais cette domination n’est pas unilatérale. Les jeunes, loin d’être passifs, réagissent, détournent et réinventent les usages. Leur pouvoir d’action mérite d’être analysé
II. Les jeunes influencent les réseaux sociaux par leurs usages et leurs créations
II.1 Les jeunes imposent leurs codes aux plateformes.
*/ Les utilisateurs créent des langages et des esthétiques propres: sur les réseaux sociaux, les jeunes ne se contentent pas d’adopter des codes existants : ils en inventent. Le langage numérique évolue sous leur impulsion, mêlant abréviations, néologismes, emojis et syntaxes visuelles. Ce phénomène n’est pas marginal : il constitue une véritable grammaire sociale, propre à chaque plateforme et à chaque génération.
Roman Jakobson et Ferdinand de Saussure ont montré que le langage est un système vivant, en constante mutation. Henry Jenkins, spécialiste des cultures participatives, souligne que les jeunes sont des “produsers” — à la fois producteurs et utilisateurs — qui modèlent les formes d’expression en ligne. Leurs créations ne sont pas seulement esthétiques : elles traduisent des identités, des appartenances, des revendications.
Cette dynamique est aussi esthétique. Les filtres, les montages, les transitions vidéo, les palettes de couleurs deviennent des marqueurs culturels. Lev Manovich parle d’une “esthétique des bases de données” : les jeunes naviguent dans des flux visuels qu’ils réorganisent selon leurs propres logiques.
Une étude mondiale montre que plus de 60 % des jeunes entre 15 et 25 ans utilisent des expressions issues des réseaux dans leur langage quotidien. Des termes comme “ghoster”, “cringe”, “ratio” ou “flex” sont passés dans l’usage courant. Sur TikTok, les tendances visuelles se renouvellent toutes les deux semaines, imposant des styles éphémères mais puissants. Et selon une enquête BVA, 83 % des 15–24 ans fréquentent quotidiennement des réseaux centrés sur l’image comme Instagram, Snapchat ou TikTok
Les jeunes ne subissent pas les formes : ils les inventent, les diffusent, les transforment. Leur créativité est un moteur culturel, mais elle interroge aussi la durabilité des codes et la profondeur des contenus.
*/ Les pratiques culturelles redéfinissent les formats dominants: les formats dominants sur les réseaux — stories, reels, shorts, threads — ne sont pas des standards figés. Ils évoluent sous l’impulsion des usages, et les jeunes jouent un rôle central dans cette transformation. En s’appropriant les outils numériques, ils réinventent les manières de raconter, de montrer, de partager. Ce ne sont plus les plateformes qui dictent les formes : ce sont les pratiques culturelles qui les modèlent.
Henry Jenkins parle de “culture participative” pour désigner cette dynamique où les utilisateurs deviennent créateurs. Lev Manovich, lui, analyse la “grammaire des formats” : les jeunes ne consomment pas seulement des contenus, ils en définissent les contours. Les transitions TikTok, les montages YouTube, les esthétiques Instagram sont autant de langages visuels nés de l’expérimentation collective.
Cette créativité n’est pas neutre. Elle impose des rythmes plus rapides, des narrations plus fragmentées, des esthétiques plus codifiées. Elle favorise la viralité, mais peut aussi appauvrir la profondeur. Roland Barthes aurait vu dans ces formats une “mythologie contemporaine” : des formes qui disent quelque chose du monde, mais qui peuvent aussi le simplifier.
Aujourd’hui, plus de 75 % des jeunes entre 15 et 24 ans créent régulièrement des contenus sur au moins une plateforme. Les formats courts dominent : la durée moyenne d’une vidéo regardée par cette tranche d’âge est inférieure à 60 secondes. Les chorégraphies, les micro-sketchs, les “get ready with me” sont devenus des genres à part entière, portés par des millions d’utilisateurs.
Les jeunes ne se contentent pas d’habiter les formats : ils les déplacent, les déforment, les saturent. Leur puissance culturelle réside dans cette capacité à faire du réseau un espace de création, et non seulement de diffusion.
II.2 Les jeunes transforment les réseaux en espaces d’engagement
*/ Les mobilisations juvéniles investissent les sphères numériques: l’engagement citoyen ne se limite plus aux urnes ou aux cortèges. Les jeunes investissent les réseaux sociaux comme des espaces d’action, de revendication et de mobilisation. Ces sphères numériques deviennent des lieux de débat, de sensibilisation et de coordination collective. L’activisme ne se déplace pas : il se reconfigure.
Manuel Castells parle d’une “autocommunication de masse” : les individus diffusent leurs idées sans passer par les médias traditionnels. Judith Butler et Chantal Mouffe rappellent que l’espace public est aussi un espace symbolique, et les jeunes y prennent place en ligne. Ils créent des hashtags, lancent des campagnes, dénoncent des injustices, organisent des mouvements transnationaux.
Cette forme d’engagement est fluide, rapide, souvent éphémère, mais elle peut être puissante. Elle permet de contourner les barrières institutionnelles, de donner la parole à ceux qui en sont privés, de fédérer des communautés autour de causes communes. Elle interroge aussi la durabilité des luttes et la profondeur des engagements.
Aujourd’hui, les jeunes sont les premiers à signer des pétitions en ligne, à participer à des challenges militants, à relayer des causes sur leurs comptes personnels. Des mouvements comme Black Lives Matter, Fridays for Future ou #MeToo ont été amplifiés par leur mobilisation numérique. Selon une étude du CREDOC, 40 % des jeunes entre 18 et 30 ans s’engagent en ligne, notamment via les réseaux sociaux, les blogs ou les plateformes de pétition.
Les sphères numériques ne remplacent pas l’engagement physique : elles l’enrichissent, le prolongent, parfois le déclenchent. Les jeunes y trouvent des outils, des alliés, des voix. Leur présence politique ne passe plus seulement par les institutions, mais par les interfaces.
*/ Les revendications sociales modifient les politiques des plateformes: les plateformes numériques ne sont pas des espaces neutres : elles sont façonnées par des règles, des algorithmes, des choix éditoriaux. Face à cela, les jeunes ne se contentent pas d’utiliser les réseaux : ils les interrogent, les contestent, les influencent. Leurs revendications sociales — sur les questions de genre, de climat, de racisme ou de liberté d’expression — poussent les plateformes à revoir leurs politiques internes.
Kate Crawford et Lawrence Lessig ont montré que le design algorithmique est aussi un choix politique. Quand les jeunes dénoncent les biais, les censures ou les silences, ils obligent les entreprises à réagir. Certaines plateformes ont modifié leurs règles de modération, intégré des outils de signalement ou créé des espaces de dialogue en réponse à ces pressions.
Cette influence est ambivalente. Elle révèle une capacité d’action collective, mais elle dépend aussi de la volonté des plateformes, souvent guidées par des logiques économiques. Judith Butler rappelle que les normes ne changent que si elles sont contestées de l’intérieur : les jeunes, en occupant les réseaux, deviennent des acteurs de transformation.
Aujourd’hui, près de 70 % des jeunes entre 15 et 34 ans s’informent quotidiennement via les réseaux sociaux. Cette présence massive donne du poids à leurs revendications. Des campagnes comme #StopHateForProfit ont conduit Facebook à revoir ses politiques publicitaires. D’autres mobilisations ont poussé TikTok à renforcer ses outils de protection des mineurs, ou Instagram à limiter les contenus liés à la santé mentale.
Les jeunes ne sont pas seulement des cibles : ils sont des forces de régulation. Leur engagement transforme les plateformes en terrains politiques, où les règles ne sont plus imposées d’en haut, mais négociées en temps réel.
Les jeunes influencent les réseaux sociaux en imposant leurs codes, en créant des tendances et en mobilisant leurs communautés. Mais cette influence ne suffit pas à contenir les dérives les plus graves : addiction, désinformation, harcèlement, pression sociale. Face à ces excès, des sanctions deviennent nécessaires. Le BENZ PROTOCOLE propose une réponse ferme et structurée, alliant punition des dérives et remédiations éducatives.
III. Le BENZ PROTOCOLE encadre les dérives et propose des remédiations.
III.1 Le BENZ PROTOCOLE identifie les excès et les sanctionne .
*/ Les comportements toxiques déclenchent des mesures correctives: Les comportements toxiques sur les réseaux sociaux — harcèlement, incitation à la haine, addiction, manipulation — ne sont pas des accidents isolés. Ils résultent de dynamiques structurelles : anonymat, viralité, absence de régulation immédiate. Les jeunes, particulièrement exposés, peuvent en être victimes ou vecteurs, souvent sans en mesurer les conséquences.
Michel Foucault parlerait ici d’un “régime de vérité” : les plateformes produisent des normes invisibles qui légitiment certains comportements et en disqualifient d’autres. Antonio Casilli et Serge Tisseron soulignent que l’économie de l’attention pousse à l’excès : plus un contenu choque, plus il circule. Cette logique favorise les dérives, surtout chez les plus jeunes, en quête de reconnaissance rapide.
Face à cela, des mesures correctives émergent. Certaines sont techniques : modération automatisée, filtres de contenu, signalement renforcé. D’autres sont éducatives : campagnes de sensibilisation, programmes de prévention, accompagnement psychologique. Le BENZ PROTOCOLE propose une articulation entre sanction et remédiation, en ciblant les comportements plutôt que les individus.
Selon un rapport de l’OMS, plus de 11 % des adolescents montrent des signes de comportement problématique vis-à-vis des réseaux sociaux, avec une incapacité à contrôler leur usage et des conséquences négatives sur leur vie quotidienne. Les filles sont A plus touchées que les garçons, et les effets incluent anxiété, isolement, troubles du sommeil. Ces chiffres révèlent une urgence : encadrer les usages pour protéger sans infantiliser.
Les mesures correctives ne doivent pas punir à l’aveugle : elles doivent comprendre, accompagner, reconstruire. Le numérique n’est pas un ennemi, mais un espace à civiliser.
*/ Les dérives numériques appellent des réponses éducatives: les dérives numériques ne peuvent être contenues uniquement par des sanctions techniques. Elles exigent une réponse éducative, capable de former les jeunes à une conscience critique de leurs usages. L’éducation numérique ne consiste pas à interdire, mais à apprendre à naviguer, à discerner, à résister aux pièges de l’instantané et de la viralité.
Serge Tisseron insiste sur la nécessité d’une “hygiène numérique” : apprendre à se déconnecter, à filtrer, à ralentir. Dominique Cardon souligne que comprendre les algorithmes, c’est reprendre du pouvoir sur ses choix. Judith Butler rappelle que les normes ne sont pas données : elles s’apprennent, se discutent, se transforment. L’éducation numérique doit donc être évolutive, participative, adaptée aux réalités mouvantes des jeunes.
Cette approche suppose un accompagnement quotidien, par les familles, les écoles, les institutions. Elle repose sur la responsabilisation plutôt que sur la culpabilisation. Les jeunes doivent être considérés comme des acteurs capables, et non comme des cibles à surveiller.
Selon une étude relayée par le Haut-Commissariat des Nations Unies, l’exposition aux réseaux sociaux est associée à plus de sept millions d’épisodes dépressifs chez les adolescents disposant d’un accès illimité aux écrans. Pourtant, les systèmes A de contrôle parental classiques ne suffisent pas : ils échouent à enrayer les effets psychologiques et sociaux. Ce constat pousse à repenser l’éducation numérique comme une discipline à part entière, au même titre que les mathématiques ou l’histoire.
Les dérives ne sont pas des fatalités : elles sont des symptômes. Et comme tout symptôme, elles appellent une pédagogie, pas une répression aveugle.
III.2 Le BENZ PROTOCOLE rétablit un équilibre entre usage et protection
*/ Les dispositifs de régulation limitent les effets pervers: les effets pervers des réseaux sociaux — addiction, désinformation, exposition à des contenus violents — ne relèvent pas uniquement des usages individuels. Ils sont amplifiés par des logiques systémiques : viralité algorithmique, absence de filtre, incitation à l’engagement maximal. Pour y répondre, des dispositifs de régulation sont mis en place, visant à encadrer les pratiques sans étouffer la liberté d’expression.
Luciano Floridi insiste sur la nécessité d’une “gouvernance éthique du numérique” : il ne s’agit pas de censurer, mais de structurer. Hans Jonas, dans sa réflexion sur la responsabilité, rappelle que toute technologie doit être pensée en fonction de ses conséquences sur les plus vulnérables. Les jeunes, en phase de construction, doivent bénéficier d’un cadre protecteur sans être infantilisés.
Ces dispositifs prennent plusieurs formes : limitation du temps d’écran, contrôle parental intelligent, modération renforcée, transparence des algorithmes. Certains États imposent des obligations aux plateformes, comme le retrait rapide des contenus haineux ou la protection des mineurs. D’autres misent sur la co-régulation, associant institutions, entreprises et citoyens.
Selon un rapport de l’OMS, 11 % des adolescents montrent des signes de comportement problématique vis-à-vis des réseaux sociaux, avec des conséquences sur leur santé mentale, leur sommeil et leur vie sociale. Un tiers des jeunes joue quotidiennement à des jeux numériques, et plus de 20 % y consacrent plus de quatre heures par jour. Ces chiffres justifient des régulations ciblées, proportionnées, évolutives.
La régulation ne doit pas être punitive : elle doit être préventive, éducative, transparente. Elle permet de limiter les effets pervers sans briser les dynamiques créatives.
III.2.2 Les zones de déconnexion restaurent la présence réelle: dans un monde saturé de connexions, la présence réelle — c’est-à-dire l’attention pleine à soi, aux autres et à l’environnement — devient une ressource rare. Les jeunes, constamment sollicités par les notifications, les flux et les interactions numériques, peinent à se ménager des espaces de retrait. Les zones de déconnexion ne sont pas des interdits : ce sont des respirations, des moments où l’écran s’efface pour laisser place à l’expérience directe.
Hans Jonas, dans sa philosophie de la responsabilité, insiste sur la nécessité de préserver l’humain face à la technique. Serge Tisseron parle de “temps de latence” indispensables à la maturation psychique. Ces zones de retrait permettent aux jeunes de se reconnecter à leur corps, à leurs émotions, à leurs relations non médiatisées. Elles ne rejettent pas le numérique : elles le mettent à distance pour mieux le réintégrer.
Certaines écoles, familles ou collectivités instaurent des plages horaires sans écrans, des lieux sans Wi-Fi, des activités déconnectées. Ces initiatives visent à restaurer la concentration, à favoriser l’introspection, à réhabiliter le silence. Elles ne sont pas réactionnaires : elles sont réparatrices.
Selon une enquête internationale, 45 % des adolescents reconnaissent que les réseaux sociaux nuisent à leur sommeil, à leur capacité de concentration et à leur humeur. Des experts recommandent un couvre-feu numérique entre 22h et 8h pour les moins de 18 ans, afin de préserver les rythmes biologiques et la santé mentale. D’autres suggèrent l’interdiction du téléphone dans les lycées pour favoriser l’attention en classe.
La présence réelle n’est pas un luxe : c’est une condition de l’équilibre. Les zones de déconnexion ne sont pas des retraits du monde, mais des retours à soi.
Les réseaux sociaux influencent les jeunes en profondeur : ils modèlent leur identité, leurs comportements et leurs relations. Mais cette influence n’est pas à sens unique. Les jeunes, par leurs usages, leurs créations et leurs mobilisations, transforment les plateformes qu’ils investissent. Ce double mouvement révèle une tension constante entre domination algorithmique et appropriation culturelle. Face aux dérives, le BENZ PROTOCOLE apporte une réponse structurée : il sanctionne les excès et propose des remédiations adaptées, éducatives et techniques. La réflexion sur les rapports entre jeunesse et numérique ne peut se limiter à l’observation des usages : elle engage des choix politiques, des cadres éthiques et des formes nouvelles de citoyenneté digitale
- Obtenir le lien
- X
- Autres applications